• Les enfants sont rois, Gallimard, 2021
  • Auteure : Delphine de Vigan

Critique à chaud... Quelle fin abrupte ! C'est probablement la chose que je regrette vraiment dans ce roman autrement bien mené. La fin, qui n'en est pas une.

La virtuosité avec laquelle les personnages de Mélanie et Clara sont dépeints dans leurs vie parallèles, l'une éclairant l'autre, la description de la vie de l'une apportant du sens à la compréhension de la vie de l'autre. Franchement deux grands personnages féminins, soutenus, forts, complexes, même dans leur simplicité. La première partie du roman leur fait la part belle et son dénouement était pour moi aussi surprenant qu'il était logique.

La deuxième partie du roman en revanche m'a semblé superflue. Pour commencer, j'ai eu un peu de mal avec le saut dans le futur. Ensuite, si deuxième partie il doit y avoir, il serait bon de la développer jusqu'au bout et de ne pas laisser les lecteur.ice.s sur leur faim. J'ai trouvé bizarre de réintroduire des personnages, de donner envie de savoir ce qu'ils sont devenus, et que l'auteure les laisse tomber aussi vite, de façon aussi plate. J'aurais aimé les suivre plus longtemps, découvrir mieux ce que leurs expériences de 2020 leur avait apporté/fait. À l'issue de la lecture, j'imagine cent fins possibles. Peut-être était-ce là le but de la romancière, me donner l'occasion d'inventer ma fin, mais je crois que je lui en veux un peu de ne pas m'avoir tenu la main plus longtemps.

Sur le côté dénonciateur du roman, je le comprends, le conçois et le connais, même s'il est un peu unilatéral dans la représentation de ce monde compliqué qu'est notre monde devenu numérique. Je partage certaines des peurs exprimées pour mes enfants et moi-même, même si je vois aussi les côtés positifs que certains des outils apportent à notre vie de tous les jours. Le trait est un peu forcé et peint une minorité plutôt qu'une large réalité (tout le monde ne devient pas YouTuber qui gagne sa vie). Du coup, qu'en dire ? Je pense que le roman peut servir à ouvrir les yeux de ce qui n'y connaissent pas grand-chose, ou se laissent endormir par les paillettes et le rose. Le message, notamment passé par le collègue de Clara lorsqu'il se rend compte que ses filles connaissent par cœur ce monde qu'il découvre à travers l'enquête, est clair : nous ne savons pas vraiment ce que nos enfants regardent, ce dont le web est vraiment fait. Ceci dit je trouve que ce qui fait l'attrait de ce roman n'est pas tant cette dénonciation mais plutôt les deux personnages de femme et leur approche tellement différente de la vie. Chacun y trouvera probablement quelque chose, qui un peu de policier pour un roman de plage, qui un peu de culture numérique, qui des personnages intéressants. Je suis de ces dernières, ni plus, ni moins.