On peut faire son deuil d'une relation, longtemps après, pour une raison complètement bidon qui vous ouvre les yeux sur ce qu'était vraiment la relation. Hier soir, je me suis couchée en frappant mon coussin de rage, d'impuissance, de colère que je n'arrivais pas à contenir. Puis j'ai pleuré. Et tout à coup, j'ai compris pourquoi je pleurais. De ma relation passée, il ne restait rien. Pas une once d'amour. Juste de la pitié. Et pire, je pense qu'il n'y a jamais eu que de la pitié. Peut-être même des deux côtés, je ne sais pas, je ne suis pas dans sa tête.
Hier soir, entre mes larmes et mon coussin, j'ai laissé s'envoler ma culpabilité d'être partie pour un autre. Je me suis défaite de cette tâche trop grande pour moi, probablement illusoire... que je pouvais "faire quelque chose". On n'aide pas les gens contre leur gré. Et puis, de toutes façons, qui suis-je pour aider ?
L'adage remanié donnerait quelque chose comme...L'absence d'amour donne la vie à un autre
Ce matin, méthodiquement, j'ai fait le ménage un peu partout, j'ai effacé les dernières traces, remis ma culpabilité et ma pitié à neuf, mon espoir aussi, l'espoir que je peux parfois "faire quelque chose". Ma colère est passée. J'ai fait mon deuil. J'ai d'autres choses à vivre et surtout un amour, pas toujours facile mais qui vaut le voyage, vraiment.
Je suis d'accord avec toi. Il m'est arrivé de me réveiller, un matin, et de me rendre compte que je n'aimais plus. J'ai aussi pleuré. Mais je pense que l'absence d'amour ne donne pas vie à un amour. Il donne vie à une envie d'être aimé, une envie d'aimer. Une envie d'amour, quoi.
Il demeure un résidu inexplicable qui tient aux mystères de l'attachement. Le deuil consiste à "tuer le mort" mais sa trace doit être honnorée comme une part de soi qui ne veut pas mourir. L'illusion d'en avoir fini provient de notre impossibilité à supporter notre souffrance trop longtemps, alors on nomme ce qui devrait demeurer dans la plénitude du mystère et que l'on ne connaît jamais. La pitié reste une des formes sublimes de l'amour. On peut enlacer des ombres à la nuit tombée et leur consentir une larme par fidélité à ce que nous avons été, fût-ce une ridicule erreur.