Il est si facile de se perdre dans la foule. Si facile de décider de ne pas comprendre. Parler allemand est parfois un calvaire, parfois un défi, parfois une curiosité. Ce soir, c'est tout simplement l'Impossible, avec un grand "i". Ils sont étranges ces moments où mon cerveau décide tout simplement de se débrancher, où ce morceau de moi qui est sensé comprendre arrête de comprendre, où ma voix refuse catégoriquement d'aligner les mots ou de demander encore une fois "pardon, tu peux répéter ?". Le portable posé sur la table dans ce bar enfumé et bruyant, je passe probablement pour l'asociale tendance geek, la droguée du web ou tout simplement la fille du coin de table qui voudrait être ailleurs. Ou peut-être juste pour ce que je suis, une française qui n'en peut plus de chercher chaque mot pour comprendre une phrase et se réfugie dans les mots des autres qu'elle comprend. J'ai navigué au gré des mots et puis je suis tombée sur ça. Alors je vole au vol les premiers mots de Laurent :

Pffff… J’avais plein de mots entrechoqués, puis, il n’y a plus rien qui sort.

Même quand elle fait mal, elle fait du bien, cette langue que je comprends.