J'étais assez jeune pour ne pas avoir ressenti à l'époque le dépaysement typiquement italien, assez vieille pour me souvenir du paysage et de la tour de Pise que nous avions visitée sur le chemin. Depuis, j'ai dû faire plus de dix séjours en Italie, que ce soit pour rendre visite à des amis, me balader en amoureux, pour le boulot aussi. Je connais Rome par coeur, ai vu Florence, me suis baladée à Venise, ai fait l'expérience d'une omelette de Pâques dans les Abruzzes, vu l'Adriatique surpeuplé, croisé Milan, touché du doigt le Lac de Côme.

Chaque fois que je viens ici, je ressens cette même impression de liberté, comme si ici je respirais mieux qu'ailleurs. J'ai en italie cette impression de sud qui est ma racine et que l'on ne trouve que dans les pays purement latins au goût classique. J'exclus l'Espagne de ceux là, mais j'y mets l'Amérique du sud. Déjà dans l'avion on voit la différence. Avec les Alpes en fond de scène, le sourire de l'hôtesse et son petit accent quand elle parle anglais. Je dormais lorsqu'elle est passée avec les boissons, mais quand je lui ai demandé s'il était possible d'avoir un verre d'eau, elle m'a répondu avec le plus grand sourire du monde que bien sûr, c'est possible et est-ce que vous voulez un petit en-cas ?

Je sais pas, après mes derniers voyages et leurs hôtesses tristes et leur bout de fenëtre gris de nuages, ça m'a d'avance réchauffé le coeur, réconciliée avec la terre entière et surtout permis d'oublier que j'ai dû me lever ce matin à 5h00. Et puis il y a l'italien. On dira ce qu'on voudra et bien que je commence à maîtriser, mais aussi à apprécier l'allemand, rien ne vaut un peu d'italien pour se dégourdir les oreilles. Ca chante, c'est agréable, c'est souriant, c'est chaud. Au matin dès le réveil, ça rassure. Je suis dans le bus qui m'amène à la gare centrale de Milan où je vais retrouver mon amie, la mia stella avec qui je passe la journée avant de partir à Belgrade.

Je connais peu Milan, j'y ai passé quelques jours du temps de mes balades européennes pour APC, et j'ai organisé un séminaire au Principe di Savoia, probablement le plus bel hôtel dans lequel j'ai séjourné. Je n'ai jamais vraiment eu le temps de visiter la ville. Je ne l'aurais sans doute pas aujourd'hui, mais je suis heureuse. Je suis dans le bus qui m'emmène à la gare centrale. Il fait beau (19° déjà à 9h00 du matin), à côté de nous d'autres bus fous qui marchent à 100 à l'heure sur l'autoroute, sur la droite une équipe benjamine aux maillots impeccables prépare sans doute un match de foot, ma voisine a sur le nez les lunettes les plus italiennes qui soient (bien que je la soupçonne de ne pas être italienne), il y a des Ti amo sur les murs écrits à la peinture et des pubs pour le prochain concert d'Eros Ramazotti.

Ah tiens, on vient enfin d'arriver dans les embouteillages du matin, ça klaxonne à tout crin, je suis bien, je suis en Italie.