A vrai dire, je crois même qu'à travers les media, cette ville et ce pays restent inconnus à qui n'y met jamais les pieds. Arrivée à l'aéroport samedi matin, où trois Wikimediens m'attendaient, la française en goguette venue discuter Foundation et autres "interesting things". Je ne sais même pas où commencer. Je suis arrivée ici sans vraies idées préconçues, avec quand même quelques couches de vernis culturel d'actualité histoire de ne pas avoir l'air complètement idiot. En gros, je vous l'avoue, je suis une bille en politique et en histoire et bien que je sache que Belgrade s'est retrouvée sous le feu de l'OTAN il n'y a pas si longtemps, les pourquoi des comment m'échappent. En y réfléchissant, je trouve cela plutôt pas mal, d'arriver un peu comme la naïve de service. Ca évite en quelque sorte de tomber dans des débats houleux sitôt le sujet politique abordé.

Bilan de ces deux jours, Belgrade est une ville aux multiples facettes, les serbes sont des italiens sans la langue qui chante, des carcassonnais sans le côté bourru du français méfiant dans les dix premières minutes, des sud-américains sans l'espagnol et surtout, ils sont serbes. Une espèce de mélange unique et détonnant de méditerranéitude et d'âme slave. Une pudeur à toute épreuve, doublée d'une gentillesse sans limite. Je me suis sentie ici accueillie comme si je connaissais mes hôtes depuis toujours. Ils m'ont traînée dans leur Belgrade, le long des rues bondées sous le soleil printanier, sur les hauteurs de la vieille ville avec vue sur le Danube, dans les parcs à la verdure chatoyante. Ils connaissaient tout. L'histoire, la politique, les anecdotes. Sur cette rue, sur ce monument, sur ce bâtiment même, ils avaient quelque chose d'intéressant à dire.

J'en retiens que Belgrade est une ville pleine de contrastes, de bouts d'histoire cohabitant les uns avec les autres. Du bâtiment éventré par les bombes récentes à la forteresse restaurée datant du Moyen Âge, en passant par les immeubles gris et lézardés de l'ère d'avant la levée du rideau de fer et les maisons aux accents bavarois et à l'architecture imposante. Dans les rues, gros 4x4 de luxe voisinent avec les Yugo rouillées et pétaradantes et les trams couverts de publicité criardes, la Société Générale et le Crédit Agricole sont partout, les banques en général d'ailleurs, d'ici ou d'ailleurs, les rues sont pleines de jour comme de nuit de couples sans souci, mais on fait très attention en traversant la rue en dehors des clous que la police ne soit pas en vue. Un mix improbable de vieux, de très vieux, de neuf, de très neuf, de vieux encore neuf et de neuf déjà vieux.

Difficile de donner après trois jours passés là-bas mieux que des impressions, mais j'ai été profondément touchée, notamment par la gentillesse, l'ouverture d'esprit, l'intelligence et la culture de mes hôtes. Manquait seulement la langue, dont je ne comprenais qu'un mot sur 100, celui avoisinant le russe ou piqué au français. Même sans cette compréhension de base, j'ai vécu deux jours que je n'oublierai pas.