Je suppose que l'introspective bloguesque est un poncif de l'exercice. Pourquoi j'écris, pourquoi je dis etc. J'ai peu écrit ici, j'ai écrit ailleurs un peu, j'ai même repris la plume, la vraie, l'encre bleu-noir sur papier blanc, le temps d'une longue lettre au clair de bougie. Tant de choses ont changé en si peu de temps. Chemin et moi nous sommes séparés. ce fut douloureux, salutaire aussi, étrange, je ne l'avais jamais fait, c'est moi qui suis partie. J'ai rencontré l'homme de ma vie. Je quitte Paris pour l'Allemagne, une capitale pour une ville de province, une vie seule pour une vie à deux, une langue pour une autre. C'est fatigant, c'est difficile, c'est évident, c'est énivrant, tout cela à la fois. Je dois gagner ma vie, trouver ma clairière et mon air, mon équilibre. J'ai peur, un peu. Envie, beaucoup. Je mue, je change, et au fond je reste la même. J'apprends à coudre, à composer, à m'exprimer dans une langue qui n'est pas la mienne et du coup à peser mes mots. Ou pas. On ne change pas. J'organise, je me remets en question, ou pas, je démantèle peu à peu ma vie parisienne, j'ai l'impression d'effacer mes traces, c'est un exercice étrange. Je me sens un peu comme Le Voyageur sans bagage, de Jean Anouilh, je m'offre une vie nouvelle, un nouveau départ. On verra.