Les deux petites lignes violettes sont très claires. Puis de toutes façons, je m'en doutais un peu. Hormones en vrac (je n'arrête pas de pleurer pour un rien, fallait me voir devant le dernier épisode de Gilmore Girls, tiens, une vraie fontaine), les seins un peu douloureux mais pas vraiment comme d'habitude, puis ce tiraillement au bas du ventre, qui veut se faire prendre pour un truc mensuel normal mais qui n'y arrive pas vraiment. Bref. Je suis enceinte. Bis.

La dernière fois, je n'ai pas osé écrire que je l'étais et m'en suis mordue les doigts. Simplement parce que j'avais besoin de suivre, ne serait-ce que pour moi, au jour le jour. Mais puisque l'aventure s'est terminée en queue de poisson, j'étais aussi contente de ne pas avoir fait publier les bans, sonner les trompettes et sortir le champagne. Cette fois, je décide donc d'écrire en arrière-plan. Quand j'en ai envie, si j'en ai envie. Puis un jour je publierai. Peut-être dans un mois, peut-être dans trois, peut-être dans neuf, peut-être jamais. On verra. Mais au moins je garderai une trace. Un signe.

J'ai un peu la trouille quand même. Faut arrêter de fumer, essayer de ne pas prendre 200 kg, éviter la déprime. Et ne pas penser à tout ce qui pourrait se passer. Entre l'oeuf clair de la dernière fois, ma peur panique de la grossesse extra-utérine, la tristesse de l'un de mes proches qui vient de découvrir que son enfant pas encore né est atteint de Trisomie 18, il y a de quoi flipper.

J'ai pas envie d'aller chez le médecin, on va attendre un peu, genre 4 semaines, pour voir si ça reste bien accroché. Puis là on ira pour se faire confirmer. Je ne veux pas revivre la visite bi-hebdomadaire pour m'entendre dire "je ne vois pas le coeur" ou "je ne vois pas l'embryon" (forcément, y'en avait pas). S'il ne doit pas les voir, autant tout savoir d'un coup et ne pas voir le truc évoluer, le doute s'installer, le stress grandir. On saura tout d'un coup.

Mais quand même, je suis enceinte. Je suis heureuse. Ca va pas être coton, mais je pense qu'on va rigoler quand même un peu.

Première étape, trouver un nom de code pour le bébé. Il voulait pas "Bobsy", je voulais pas de "Truc", on a décidé Tuinkel (un savant dérivé phonétique de Twinkle, qui veut dire "briller" pour une étoile, genre). Ce sera "das" Tuinkel, puisque l'allemand nous donne cette chance d'avoir un genre neutre. Voilà. Première décision arbitraire qui affecte la vie de cet' pauvre Tuinkel, plus petit qu'un moucheron.