Tout a commencé un soir d'été, alors que mon cousin qui venait passer quelques jours à Carcassonne m'a enjoint d'enregistrer Ninotchka, film en noir et blanc qui passait au Cinéma de minuit. Ce que j'ai fait. C'était l'époque où la télé venait de faire son apparition à la maison et trônait au milieu du salon, avec en guise d'antenne un paire d'oreilles que l'on allongeait ou raccourcissait selon le temps afin d'avoir une image plus ou moins potable. Une simple mouche vrombissant près de l'antenne couvrait de brouillard neigeux rouge et blanc l'émission que l'on était en train de regarder. Bref. J'ai enregistré, sur le magnétoscope mastodonte aux touches élastiques. Et puis j'ai oublié. Quelques six mois plus tard, j'ai retrouvé cette cassette et un jour de pluie, l'ai engrangée dans le magnétoscope. Une révélation. L'humour de Lubitsch et la beauté de la Divine. Je nourris depuis ce jour une admiration intense pour Greta Garbo et un intérêt tout au moins aussi important pour le cinéma américain, de préférence noir et blanc (mais pas toujours) et de préférence se situant entre 1930 et 1950. D'ailleurs, c'est en écrivant l'article Greta Garbo que j'ai commencé sur la Wikipedia francophone.

Il y a deux semaines, je suis allée voir à Francfort, au Deutsches Film Museum, l'exposition Garbo's Garbos, portraits from her private collection une collection de clichés de Garbo, dont certains sont connus (notamment celui qui sert pour l'affiche, issu d'une série de photos prises au moment de la sortie du film Mata Hari en 1931 par Clarence Sinclair Bull), d'autres moins. Pour qui n'aime pas Greta Garbo, l'exposition n'a que peu d'intérêt. Pour les fans comme moi, elle est superbe. Je retiens notamment un cliché de James Manatt mettant en scène Garbo en garçonne, sur un quai ou un pont de bateau, cheveux au vent, qui laisse mieux que tous les clichés de plateau deviner la liberté dont on la disait éprise et cette photo signée Anthony Beauchamp (qui en fit une série en 1951) en couverture d'un numéro de Paris Match en 1955, seul témoignage public de la couleur des yeux de Garbo.

Les dernières photos de l'actrice autorisées datent de 1951, toutes celles qui suivent ont été prises par des paparazzi ayant tenté de percer le secret de sa retraite. C'était 10 ans après sa dernière apparition au cinéma, 39 ans avant sa mort en 1990.

photo de l'affiche de l'exposition sur la façade du musée

photo de l'affiche de l'exposition sur la façade du musée

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